Depuis la plage de Pignochet, à Saint-Jean-le-Thomas, jusqu’à la plage de Dragey, le haut estran expose actuellement plusieurs niveaux de tangues et de tourbes anciennes, s’étageant entre 4730 ans BP et 975 ans BP (époque médiévale). Ces niveaux se prolongent vers le Sud-Est, sous la haute plage et le cordon dunaire actuels, jusqu’au marais de la Claire Douves.
Les niveaux les plus anciens affleurent bien en contrebas de la plage actuelle jusqu'à la hauteur d’Obrey (vers la limite entre les communes de Saint-Jean-le-Thomas et de Dragey).
Attention, l’aspect et la qualité des affleurements peuvent varier en fonction de l’érosion littorale et du recouvrement par les galets ou le sable. La plupart des photos présentées ci-dessous ont été prises en octobre 2022.
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Affleurements du secteur sud
Au Sud de la plage de Pignochet, l’érosion de la plage a mis à jour les niveaux de tangues et de tourbes anciennes ; ces niveaux affleurent largement jusqu’à la limite des communes de Saint-Jean-le-Thomas et de Dragey.
Vue prise vers le SE, année 2019
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Etagement des niveaux tourbeux au Sud de la plage de Pignochet
Le premier ressaut topographique est taillé dans les tangues litées à roseaux et dans la « tourbe supérieure » datée à 3950 BP. En remontant vers la dune, on rencontre un niveau sombre de sable tourbeux, en partie masqué par une accumulation de gros galets, puis deux liserés sombres correspondant à des niveaux tourbeux plus récents datant d’époques historiques (1780 et 1000 BP). |
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Les niveaux les plus anciens affleurent dans une plate-forme basse découpée par l’érosion. La bordure s’effondre en paquets qui sont fragmentés en galets mous argileux.
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Sur la bordure de la plate-forme, on observe de haut en bas la superposition :
- tourbe supérieure, datée à 3950 BP
- argile grise,
- tourbe inférieure, datée à 4730 BP
- tangue litée à roseaux.
L’ensemble est traversé par des racines verticales. |
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Tangue litée à débris végétaux
Cette tangue litée correspond à un ancien schorre. Elle est surmontée par la "tourbe supérieure" qui témoigne de l’évolution du schorre en marais tourbeux d’arrière cordon.
Sur cet affleurement, la "tourbe inférieure" n’est pas visible. Dans le secteur sud de l’estran, elle peut être réduite à un mince liseré ou être remplacée par de l’argile riche en matière organique. |
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Les racines qui traversent la tourbe supérieure se prolongent dans la tangue argileuse sous-jacente. La disparition du litage et la disposition chaotique des nombreux débris végétaux suggèrent une perturbation localisée de la tangue, peut-être par le piétinement de bétail (bovins).
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Empreintes de bovidés à la surface de la tourbe
Les bovidés possèdent deux doigts munis de sabots. Les formes doubles en creux correspondent à la trace des deux sabots. |
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Racines ou tiges isolées dégagées par l’érosion. Sur une cassure fraîche, la tourbe apparait noire et constituée de nombreux petits fragments végétaux.
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Niveau de tourbe sableuse
La tourbe renferme des racines verticales, témoins de la végétation d’un ancien marais d’arrière-cordon. Elle est découpée par un réseau de fentes de retrait qui témoigne d’un épisode d’asséchement du marais. |
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Fentes de dessiccation fossiles dans la tourbe (vue de dessus)
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Fentes de dessiccation dans la tangue ancienne
La tangue est découpée en polygones de dessiccation et piquetée de restes de tiges ou de racines. La tangue représente un ancien schorre colonisé par la végétation puis asséché.
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Méandre d’un ancien chenal façonné dans la tangue ancienne et moulé par la « tourbe supérieure ». Les berges du chenal sont soulignées par une couverture d’algues vertes filamenteuses qui se développe au printemps. |
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Ancien chenal
Les berges légèrement pentues du chenal sont moulées par une tourbe dense et résistante qui les a protégées de l’érosion ; ainsi, le chenal apparaît actuellement en relief. |
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Chenal méandriforme moulé par la « tourbe supérieure », en relief sur l’estran |
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Coupe synthétique des formations d’arrière-cordon sur le haut estran de Saint-Jean-le-Thomas
Le rectangle rouge indique la position stratigraphique des niveaux décrits précédemment.
Figure extraite de l’ouvrage « Pêcheries de Normandie » sous la direction de Cyrille Billard et Vincent Bernard, 2016, modifiée
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Localisation des affleurements
Les anciennes formations estuariennes et d’arrière-cordon affleurent largement en contrebas des plages de Saint-Jean-le-Thomas et de Dragey.
Elles se prolongent sous le cordon dunaire actuel et sous le marais de la Claire Douves.
Vue aérienne, année 2019
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