La Baie du Mont-Saint-Michel (Manche)
Quaternaire - Récifs d'Hermelles - Page 3 - Hermelles et Pêcheries

Des hermelles recouvrent les anciennes pêcheries construites sur l’estran sableux ou vaseux, de la cale de Sol-Roc à la plage de Saint-Jean-le-Thomas, au pied des falaises de la bordure méridionale du massif de Carolles. Les digues de pierres de ces pêcheries offrent un substratum dur favorable à la fixation et au développement des colonies d’hermelles.
Bibliographie concernant les pêcheries :
-Pêcheries de Normandie, Archéologie et histoire des pêcheries littorales du département de la Manche, sous la direction de Cyrille Billard et Vincent Bernard, 2016, Presses universitaires de Rennes
-Terres de pêcheries 4000 ans d’archéologie et d’histoire sur le littoral de la Manche CRECET, directeur de la publication Cyrille Billard, 2012, Editions OREP, Collection « les carnets d’ici » (ouvrage tous publics)

Au lieu-dit « les Falaises », la partie basse de l’estran présente les vestiges de plusieurs générations de pêcheries, en forme de V, datées du début du Moyen-Age.
Vue aérienne prise vers le NE, année 2008
A survoler

Les pêcheries du site des Falaises sont situées à mi-distance entre la cale de Sol-Roc et la plage Saint-Michel de Saint-Jean-le-Thomas.
Vue aérienne prise vers l’Est, année 2021
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Les pêcheries du site des Falaises vues depuis les rochers de la cale de Sol-Roc
Les pêcheries du site des Falaises vues depuis la descente de Sol-Roc
Les archéologues ont identifié 13 digues édifiées en plusieurs phases, du 5e siècle au 10e siècle. De plus en plus récentes d’Est en Ouest, les constructions successives se sont déplacées vers l’Ouest, probablement en fonction de l’évolution du trait de côte.
Vue prise vers le Sud, en 2015
Les alignements de pierres colonisés par les hermelles correspondent aux digues des anciennes pêcheries médiévales. Ces digues maintenaient en place des pieux de bois sur lesquels étaient fixées des haies de clayonnage qui guidait les poissons au fond de l’entonnoir.
Année 2015
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Aux abords des pêcheries, le sable est couvert de placages vaseux dans lesquels prospèrent les arénicoles, vers annélides sédentaires dont la présence est révélée par des déjections en forme de tortillons. En ralentissant les courants de jusant, les obstacles créés par les digues de pierres ont probablement favorisé cette sédimentation fine dans un secteur déjà abrité des houles par le massif de Carolles.
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Plus loin des falaises littorales, dans les zones plus basses de l’estran dégagées aux marées de vives-eaux, les sables grossiers et moyens sont colonisés par d’autres vers, les lanices (Lanice conchilega), annélides polychètes tubicoles, aux tubes arénacés, souples et non jointifs, partiellement enfoncés dans le sable. Une forte densité de tubes de Lanices favorise l’accumulation de sable.
A survoler
Bancs sableux à Lanices
En piégeant le sable, les lanices peuvent créer de légers reliefs sableux en morphologie de banquettes, pouvant s’élever jusqu’à une vingtaine de cm au-dessus de l’estran environnant.
Extrémité d’une pêcherie
Les hermelles recouvrent presque complétement la digue. Ici, les constructions récifales présentent des signes de dégradation : certaines sont brisées, d’autres recouvertes de sable et de coquilles, sous l’influence des tempêtes ou de la pêche à pied.
 On peut remarquer l’absence d’exutoire dans la pointe de la pêcherie (au premier plan à droite) ; lors du jusant (marée descendante), l’eau traversait directement les clayonnages dressés sur les digues.
Constructions récifales dégradées
De nombreux tubes sont colmatés par la vase et de nombreuses coquilles de bivalves sont enfoncées à la surface des colonies, probablement sous l’action des vagues lors de tempêtes. 
Le tapis d’hermelles, discontinu, laisse apparaître des blocs de cornéennes constituant la digue. La présence de nombreuses fissures indique que les constructions récifales sont dégradées.
Pêcheries de Sol-Roc
Au sud de la cale de Sol-Roc, se situe un ensemble de vestiges de pêcheries établies successivement d’Est en Ouest dans la deuxième moitié du Moyen-Age, entre le XIIe siècle et le XVe siècle. La plus grande d’entre elles, située le plus à l’Ouest, a été reconstruite au début du XXe siècle et a fonctionné jusqu’en 1960. Elle est couverte d’hermelles de couleur brune ; son bras sud mesure environ 400 mètres.  
Vue aérienne prise vers le Nord, année 2020
Hermelles des pêcheries de Sol-Roc vues depuis la descente vers la cale de Sol-Roc
Vue prise vers le Sud-Est, année 2010
Extrait de la carte géologique à 1/50 000 – Baie du Mont-Saint-Michel (BRGM) : bordure Sud du massif de Carolles
Les hermelles des pêcheries de Sol-Roc sont établies sur des sables grossiers et moyens. On peut repérer la forme en V de la pêcherie la plus grande et la plus occidentale. Les hermelles des pêcheries médiévales plus anciennes du site des Falaises (contour rouge), non cartographiées, sont installées sur des sables et des placages de vase.

Légende
Domaine marin
H : récifs d’hermelles
SG, Sg, SM, Sf : sables grossiers, moyens et sables fins 
SV : placage vaseux sur sable
Dz3 : sables dunaires
Domaine continental
b2K Cornéennes briovériennes
Granodiorite cadomienne
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Vue sur l’ensemble des pêcheries de la bordure méridionale du massif de Carolles
Les pêcheries médiévales ont été déplacées au cours du temps d’Est en Ouest, probablement en fonction de l’évolution du trait de côte, marquée par une avancée du cordon dunaire littoral vers le large.    
Vue aérienne prise vers l’Est, année 2011
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