Les récifs (ou biohermes) d’hermelles sont édifiés par des vers marins, tubicoles et coloniaux. La baie du Mont-Saint-Michel abrite des récifs d’hermelles particulièrement bien développés, répartis sur deux sites localisés de part et d’autre de la partie estuarienne de la baie. Le récif de Sainte-Anne, situé au Sud, est le plus vaste ; les récifs du secteur de Champeaux, situés au Nord, sont les plus accessibles. On accède à ces derniers par la cale de la plage de Sol-Roc.
Attention ! Les récifs d’hermelles sont fragiles et présentent une valeur patrimoniale ; ils doivent être respectés (ne pas piétiner, ne pas briser les constructions). Les observations ne peuvent se faire qu’à marée basse.
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Les hermelles au Sud de Champeaux
Des tapis d’hermelles recouvrent la partie la plus basse de l’estran. Cette construction récifale, de 30 à 40 cm d’épaisseur, présente une surface moutonnée caractéristique.
Vue prise vers le Sud, lors d’une marée basse à fort coefficient (mars 2015)
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Au-delà du récif d’hermelles, vers le Sud, s’étend la partie estuarienne de la baie d’où émergent Tombelaine et le Mont-Saint-Michel.
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Localisation des hermelles sur l’estran
Au premier plan, dans la partie la plus basse de l’estran, les alignements orientés NW-SE correspondent au récif de la Frégate. Plus près des falaises, sur le moyen estran, s’étend le récif de Champeaux, associé à des bancs de sable ; il est établi sur des affleurements rocheux ou sur d'anciennes pêcheries. Au pied des falaises, les hermelles colonisent le platier rocheux recouvert à chaque marée.
Vue aérienne prise vers le N-NW, à marée basse (2020)
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Extrait de la carte géologique à 1/50 000 – Baie du Mont-Saint-Michel (BRGM) : bordure sud du massif de Carolles
Au pied des falaises de Champeaux, des hermelles sont implantées sur le platier rocheux façonné dans la ceinture de cornéennes du massif granitique de Carolles. Plus au Sud, d’autres constructions, plus massives, se développent vers le bas de de l’estran sableux, soit sur des affleurements rocheux, soit sur d’anciennes pêcheries en pierre. Le récif de la Frégate n’est pas cartographié car il n’existait plus lors des levés de la carte.
Légende
Domaine marin
H : récifs d’hermelles
Sf, SM et Sm, SG et Sg, Sgb : sables fins, moyens, grossiers, et bioclastiques
SV placages de vases ; S-SM : sables des chenaux
Domaine continental
b2K Cornéennes briovériennes
Granodiorite cadomienne |
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En face de la cale de Sol-Roc, des constructions récifales imposantes s’étendent au-delà du platier rocheux, sur la partie basse de l’estran. L’une d’elle se développe à partir des digues d’une ancienne pêcherie (en forme de V). La descente de Sol-Roc est interdite aux voitures ; un parc de stationnement est aménagé au sommet des falaises (attention, forte affluence aux grandes marées !).
Vue aérienne prise vers le N-NE (août 2020)
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Les récifs d’hermelles sont entièrement recouverts par la mer à marée haute. Les vers constructeurs, tubicoles et sédentaires, ont besoin d’un temps d’immersion suffisant pour respirer et se nourrir à l’aide de leur panache de filaments qui s’épanouit dans l’eau.
Vue aérienne prise vers le NE, à marée presque haute (mai 2022) |
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Les récifs d’hermelles sont largement découverts aux marées de vives-eaux qui attirent de nombreux pêcheurs à pied. Les espaces libres et les anfractuosités abritent une faune variée. Les récifs d’hermelles augmentent la biodiversité du milieu en offrant une variété d’habitats, des refuges et de la nourriture. En arrière-plan, on aperçoit l’alignement d’hermelles du récif de la Frégate.
Vue prise lors d’une marée basse à coefficient supérieur à 100 (mars 2015) |
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Détail d’un récif d’hermelles
Le récif est construit par la juxtaposition de tubes arénacés fabriqués par des vers annélides polychètes, Sabellaria alveolata. Chaque tube mesure en moyenne 30 cm de longueur et abrite un ver qui vit 5 à 10 ans.
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Le tapis d’hermelles résulte de la croissance et de la coalescence de structures en forme de boules par adjonction de nouveaux tubes. Le récif peut croître aussi en épaisseur par installation de nouvelles générations de tubes au-dessus des précédentes. Il peut ainsi atteindre une hauteur de 1,50 m au-dessus de l’estran environnant. |
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Tapis d’hermelles couronnant un banc de sable
En créant des reliefs et en fixant le sable, les récifs d’hermelles peuvent modifier l’hydrodynamisme du milieu et les conditions de sédimentation.
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Récif du domaine intertidal inférieur
La coalescence des constructions est presque maximale ; elle aboutit à la formation d’une structure tabulaire aux larges ondulations. Cette structure correspond à un bon état de conservation du récif. On aperçoit en arrière-plan la fin des falaises de Champeaux et les plages de St-Jean-le- Thomas.
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La bordure de ce récif présente des structures effondrées ou brisées ; le mauvais état des récifs peut être dû aux tempêtes mais aussi à l’activité croissante des pêcheurs à pied. Les récifs de la baie du Mont-Saint-Michel appartiennent à une zone classée Natura 2000 ; ils font l’objet d’un suivi par l’IFREMER en vue d’une protection. |
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Des petites constructions récifales, le plus souvent brisées sont isolées et dispersées sur le bas estran sableux aux abords d’un alignement du récif de la Frégate. Elles pourraient servir de support pour l’installation de nouveaux tubes. Les récifs d’hermelles sont fragiles et leur état de développement peut varier rapidement, dans le sens d’une régression ou d’une croissance.
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Récif de la Frégate (détail)
Après sa disparition en 1950, ce récif se développe depuis 2007. Actuellement, son extrémité occidentale subit moins la pression de la pêche à pied car elle n’est découverte qu’aux très grandes marées, à fort coefficient (supérieur à 100), ce qui lui donne le temps de se reconstituer.
Vue aérienne (année 2020) |
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Les récifs d’hermelles vus depuis la descente de Sol-Roc
Vue prise en 2015 lors d’une marée de vive-eau à fort coefficient (supérieur à 100)
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