La Formation de Saint-Pair, connue aussi sous le nom de « Schistes rubanés de Saint-Pair », est une formation détritique de type flysch ; elle est constituée de turbidites distales accumulées dans un bassin sédimentaire (bassin protomancellien) ouvert à l’arrière d’un arc insulaire (arc de Montsurvent), dans un contexte de subduction au Briovérien inférieur.
Les Schistes rubanés de Saint-Pair seraient un équivalent latéral des Schistes de Saint-Lô, qui affleurent de Coutances à Saint-Lô. Ils marquent la fin de l’histoire sédimentaire du Briovérien inférieur.
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La Formation de Saint-Pair est composée de faisceaux de fines alternances de lits clairs et sombres qui lui confèrent un aspect rubané remarquable.
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Affleurement en haut de plage
Les schistes rubanés étant redressés presque à la verticale, on peut observer la succession des alternances en coupe horizontale sur l’estran.
Les bandes claires correspondent à des grès de type grauwacke et les bandes plus sombres à des siltites et des argilites. |
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Détail des alternances en coupe verticale dans le bas de la falaise
Les alternances résultent de la superposition de séquences gréso-silteuses granoclassées centimétriques à décimétriques, ou parfois millimétriques. Les séquences présentent le plus souvent une base quartzo-feldspathique qui évolue vers une phase argileuse au sommet. Les grès renferment des grains anguleux de quartz (40%), de feldspath (9%) noyés dans une abondante matrice quartzo-phylliteuse (43%). Les lits les plus sombres sont constituées d’argilites qui renferment de la matière organique (0,49% de carbone). |
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Affleurement en pied de falaise
La répétition de séquences détritiques granoclassées indique une sédimentation rythmique de type flysch, liée à des courants de turbidité, dans un contexte orogénique.
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Séquences granoclassées
La base des séquences est marquée par une limite nette. Les séquences granoclassées débutent par un grès, gris clair, qui passe à un silt et à une argilite, plus sombres. Le granoclassement caractérise les turbidites, sédiments mis en place par écoulement gravitaire le long d’une pente sous-marine. Chaque séquence correspond au dépôt de particules transportées pas un courant de turbidité, les grosses particules sédimentant plus rapidement que les plus fines ; on aboutit à un granoclassement positif ou normal.
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Séquences laminitiques
La présence de fines lamines indique un transport par un courant de faible énergie ; ces séquences laminitiques résultent du dépôt des sédiments les plus fins, silts et argiles, par un courant de turbidité qui a perdu de l’énergie, loin de la source détritique. Ce faciès est caractéristique des turbidites distales. |
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Fines séquences laminitiques caractérisant des turbidites distales |
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La formation de Saint-Pair est un flysch fin qui résulte de l’empilement rythmique de séquences présentant les caractéristiques des turbidites distales : abondance des sédiments fins (silts, argiles), rareté des bancs de grès massifs, minceur des séquences, importance de la phase laminitique, absence de figures sédimentaires d’érosion à la base des séquences. Les turbidites distales se déposent loin de la source détritique et au-delà de la pente sous-marine, dans la partie distale des lobes de l’éventail sous-marin (deep-sea-fan) formé par le courant de turbidité, et au-delà, par débordement. |
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La série sédimentaire est affectée par de nombreux plis serrés qui modifient la polarité des séquences sédimentaires de part et d’autre des axes des charnières. L’intense déformation empêche l’étude de la sédimentation à l’échelle de la formation.
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En bas de falaise ou sur l’estran, l’érosion différentielle met en relief les lits clairs gréseux plus résistants que les lits sombres silteux et argileux.
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