De Laize-la-Ville à Feuguerolles
Le flanc Sud du synclinal de May
Synthèse géologique

L'étude des dépôts du Paléozoïque des vallées de la Laize et de l'Orne au Sud de Caen permet d'établir les caractéristiques des paléoenvironnements du Cambrien au Silurien.
A la fin du Briovérien (Précambrien), à la suite du cycle orogénique cadomien, la région est émergée et des reliefs issus de la chaîne cadomienne subsistent : la Mancellia et le Haut-fond constantien.

I. Au Cambrien inférieur, les reliefs sont érodés et progressivement aplanis, des sédiments grossiers s'accumulent en piémont, puis font place à de vastes épandages fluviatiles de sables et d'argiles : Formation des Conglomérats et Grès pourprés. Les reliefs reculent et s'effacent.
Des lagunes à sédimentation carbonatée s'installent en bordure du continent aplani, puis la mer recouvre la région. C'est une mer calme, peu profonde, où se développent des cyanobactéries qui favorisent la sédimentation carbonatée. Certaines sont responsables de la construction de stromatolithes. Ces calcaires appartiennent à la Formation des Schistes et Calcaires. La sédimentation de plate-forme carbonatée marque le maximum de la première transgression du Cambrien inférieur.
Les conditions changent brutalement avec l'arrivée massive de sables grossiers, riches en feldspath, déposés dans un vaste delta progradant du Nord vers le Sud. Le matériel détritique proviendrait de l'érosion d'un massif granitique situé au Nord (actuellement sous la Manche) Doré 1969, Le Gall 1997. Ces sables consolidés constituent la Formation des Grès feldspathiques.
La phase transgressive qui se termine par la sédimentation carbonatée de plate-forme, puis la phase régressive marquée par la sédimentation deltaïque, constituent le premier cycle sédimentaire du Cambrien inférieur de la Normandie.
Un deuxième cycle sédimentaire affecte ensuite la zone bocaine (plus au Sud) mais qui ne se manifeste pas à May-sur-Orne. En effet, après le dépôt des Grès feldspathiques, la région de May reste émergée pendant tout le reste du Cambrien et le début de l'Ordovicien (Trémadocien et Arénigien). L'érosion achève le nivellement des reliefs issus de l'héritage cadomien, et sur cette région aplanie s'étalera la mer ordovicienne.

 Paléogéographie au Cambrien inférieur, dans le cadre de la tectonique des plaques
- Au Sud de la Normandie, les reliefs émergés forment la Mancellia, soumise à l'érosion, où la sédimentation cambrienne est absente.
- En bordure Nord des terres émergées de la Mancellia, se situe une vaste aire de sédimentation cambrienne, la Normannia centrale.
Les variations de la nature et de l'épaisseur des sédiments, ainsi que l'existence de lacunes sédimentaires, indiquent que la Normannia était morcelée en plusieurs bassins. La profondeur des bassins et la proximité éventuelle de reliefs cadomiens détermine l'épaisseur et la nature des apports sédimentaires.
La fragmentation de la Normannia en petits bassins évoque un dispositif en blocs basculés, caractéristique d'une tectonique en distension affectant la borduire d'un continent émergé. Ce continent correspond à la microplaque Armorica (socle cadomien normand-breton) situé au Nord du Gondwana.
II. A l'Ordovicien, la mer revient sur une région aplanie par l'érosion. Elle recouvre, d'abord, à l'Arénigien, le Sud de la Normandie (zone bocaine, synclinal d'Urville), où elle dépose des sables qui formeront le Grès armoricain (absent à May-sur-Orne). La mer progresse, ensuite, vers le Nord et l'Ouest et atteint le secteur de May-sur-Orne au Llanvirnien.
 A proximité du rivage, dans un environnement de mégarides et de sillons aux eaux agitées, se déposent les oolithes chargées d'hématite ou de chlorite qui formeront le minerai de fer. Sur le continent très proche, un climat chaud active l'altération des argiles avec libération de fer. L'aire de sédimentation s'approfondit, s'ouvre vers le large, et permet unn dépôt d'argiles et de silts, caractéristique d'une mer calme. Sur le fond, évolue une abondante faune benthique (dont des trilobites). Après compaction, ce matériel détritique fin formera les Schistes d'Urville, maximum de la transgression ordovicienne.
Au Llandeilien et Caradocien, la mer est moins profonde, avec des émersions fréquentes ; les conditions deviennent intertidales, la ligne de rivage est très proche. Des sables bien classés se déposent, qui formeront les Grès de May.
La succession Schistes d'Urville - Grès de May correspond à une phase transgressive suivie d'une phase régressive, donc à un cycle sédimentaire qui s'étend (à May-sur-Orne) du Llanvirnien au Caradocien.
A la fin de l'Ordovicien, une glaciation affecte le Nord du Gondwana et une calotte glaciaire recouvre le Sahara actuel où se situe le pôle Sud de l'époque. Sur la bordure Nord du Gondwana (plaque ibéro-armoricaine), des glaces dérivent dans la mer ordovicienne et, en fondant, déposent des matériaux détritiques non classés (argiles et galets), arrachés aux terres émergées où affleure le Paléozoïque. Ces dépôts donneront la Formation de la Tillite de Feuguerolles.
III. Silurien. La sédimentation terrigène se poursuit dans une mer aux eaux calmes et peu oxygénées où se déposent des vases noires réductrices, donnant par consolidation la Formation des Schistes à fucoïdes et la Formation des Ampélites et du Calcaire de Feuguerolles. (synthèse réalisée à partir des ouvrages suivants : Guides géologiques régionaux - Normandie - par F. Doré... Ed. Masson; Notices des cartes géologiques au 1/50000 de Falaise et de Villers-Bocage).

De Laize-la-Ville à Feuguerolles
Le flanc Sud du synclinal de May
Synthèse géologique