A la limite Oxfordien moyen
/ Oxfordien supérieur, une reprise de l'activité épirogénique de la bordure occidentale du bassin de Paris stoppe le
développement de la plate-forme carbonatée construite
au cours de l'Oxfordien moyen. Cette plate-forme carbonatée,
alors proche de l'émersion, est érodée ainsi
qu'en témoigne la Surface de Blangy, surface
d'érosion qui tronque le Calcaire
de Blangy (dernière formation
de l'Oxfordien moyen). Un nouveau cycle
de transgression / régression
se met en place ; il s'accompagne d'un démantèlement
de la plate-forme carbonatée et d'une arrivée importante
de terrigènes.
Dès le début de l' Oxfordien supérieur,
la subsidence
permet l'installation d'une vasière sableuse subtidale,
peuplée d'éponges, où s'accumulent les spicules
d'éponges, silts, argiles et boues carbonatées du futur
Calcaire gréseux de Hennequeville.
Cette vasière occupe le Nord du Pays d'Auge jusqu'au Havre.
Les argiles silteuses du Membre inférieur
du Calcaire gréseux de Hennequeville témoignent d'une sédimentation rapide (6.5
m de silts pour une seule sous-zone d'ammonites). La sédimentation
se ralentit ensuite (3 m de dépôt pour la sous-zone d'ammonites
correspondant aux Membres moyen et supérieur). Le dépôt des calcaires gréseux et
des silts du Membre moyen correspond à un comblement de la vasière,
une diminution de la tranche d'eau et une augmentation de l'hydrodynamisme
; les déformations synsédimentaires témoignent
d'une instabilité des fonds en relation, soit avec des phénomènes
hydrodynamiques, soit avec des événements sismiques.
Les sédiments silteux très bioturbés du Membre
supérieur correspondent à une augmentation relative de la
tranche d'eau et à un ralentissement de la sédimentation
jusqu' à un arrêt de sédimentation marqué
par la Surface de Villerville.
Le milieu de sédimentation du Calcaire
gréseux de Hennequeville est une
vasière subtidale dans laquelle se développe une faune
benthique abondante mais peu diversifiée, dominée par
les trigonies (Myophorella clavellata) et des fouisseurs détritivores
(Thalassinoïdes, Teichichnus). La rareté
des céphalopodes indique que la vasière était
abritée des influences marines du large. Les rares ammonites
présentes sont des cardiocératidés, ammonites
à affinités boréales, qui témoignent d'un
refroidissement des eaux après l'épisode chaud de l'Oxfordien moyen.
Vers le Sud (partie centrale du Pays d'Auge dans le secteur de Lisieux),
le Calcaire gréseux de Hennequeville
passe latéralement à la Formation des Sables
de Glos. Les Sables
de Glos proviennent d'un épandage
deltaïque alimenté par l'érosion des terres émergées de la marge orientale
du Massif armoricain. Le matériel détritique quartzeux
du delta se déverse dans la vasière en décharges
sableuses qui se mélangent aux boues carbonatées issues
des vestiges de la plate-forme carbonatée.
Après le dépôt du Calcaire
gréseux de Hennequeville, la sédimentation
terrigène se poursuit d'abord avec les Marnes
de Villerville (sédimentation argileuse avec décharges
épisodiques de sables quartzeux), puis avec les Marnes de Cricqueboeuf qui
marquent la fin de l'Oxfordien supérieur.
Après l'Oxfordien, la sédimentation présentera encore une
dominante terrigène avant le retrait de la mer hors du domaine
normand, vers le Nord-Est, à la fin du Kimméridgien.
La Basse-Normandie restera émergée pendant la majeure
partie de Crétacé inférieur, jusqu'à l'Aptien.