Histoire géologique de la bordure
normande du Massif armoricain au Lias
Au Trias, les dépôts sont typiquement continentaux
: la région était émergée.
Au Lias, la bordure NE du Massif armoricain est progressivement envahie
par la mer :
- A l'Hettangien s'amorce une première
transgression marine. La mer s'avance
du Nord vers le Sud, et recouvre l'Est du Cotentin et la région
d'Isigny. La sédimentation, essentiellement carbonatée,
est caractéristique d'un milieu littoral. Les calcaires
magnésiens appartiennent à la formation
des Argiles et Calcaires d'Huberville et les calcarénites
à litages obliques constituent la formation
du Calcaire d'Osmanville (ou Calcaire
de Valognes).
- Au Sinémurien la transgression
se poursuit, la mer progresse vers le Sud-Est et atteint le Nord-Ouest
du Calvados (jusqu'à la région de Bayeux). Le régime
sédimentaire change brutalement, avec des alternances
régulières d'argiles et calcaires, caractérisant
la formation des Calcaires à gryphées.
Le milieu de sédimentation correspond à une mer
calme à fond vaseux où prolifèrent les huîtres
(gryphées) et des organismes fouisseurs (lamellibranches).
Cette mer est ouverte aux influences du large (restes de céphalopodes).
La sédimentation rythmique, alternativement argileuse
et calcaire, sur environ 30 mètres d'épaisseur,
traduit un contexte de subsidence.
A la fin du Sinémurien, les eaux calmes abritées
tendent au confinement. Des argiles fines s'y déposent
et une faune de petite taille y prospère.
- Au Pliensbachien, La sédimentation rythmique
reprend d'abord dans des conditions analogues à celles
du Sinémurien, donnant le membre des Calcaires
à Cincta numismalis. Puis, la transgression
atteint son maximum avec le membre des Marnes
à bélemnites. La mer s'étale plus
largement sur la marge du Massif armoricain et elle atteint les
écueils formés par les barres gréseuses
paléozoïques, dans les synclinaux de May-sur-Orne,
d'Urville et de la zone bocaine. Ensuite la sédimentation
carbonatée domine avec le dépôt des calcaires
du Banc de Roc, membre terminal
de la formation du Calcaire à bélemnites.
Ainsi se met en place une plateforme carbonatée peu profonde,
ouverte aux influences du large, où pullulent les céphalopodes
(Bélemnites). Le Pliensbachien se termine par un arrêt
de la sédimentation qui se manifeste sous forme d'une
surface durcie encroûtée.
- Au Toarcien, un nouvel épisode transgressif
fait suite à la tendance régressive du Pliensbachien
terminal. Le bassin de sédimentation s'approfondit, des
argiles se déposent en milieu calme et anoxique, défavorable
à la vie et dépourvu de faune benthique. Ces argiles
noires forment la formation des Argiles
à poissons. Les Calcaires
et marnes à ammonites indiquent un retour à
la sédimentation carbonatée de mer ouverte, entrecoupée
de sédimentation argileuse, avec une tendance de plus
en plus marquée au ralentissement de la sédimentation
(présence d'oolithes ferrugineuses, d'ammonites à
remplissage phosphaté, de surfaces durcies), annoncant
les niveaux condensés de l'Aalénien.
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Coupe
réalisée à partir des ouvrages suivants
: - O. Dugué, G. Fily, M. Rioult, Le Jurassique
des côtes du Calvados, SGN AMH. - Carte
géologique de France (1/50000°), feuilles Grandcamp-Maisy
et Bayeux, BRGM. |