A la fin de l’Aalénien et au début
du Bajocien, les calcaires silteux et glauconieux de la Malière se déposent sur la bordure orientale du bloc armoricain. Le milieu
de sédimentation s’approfondit (hausse relative du niveau
marin comme l’atteste l’abondance de la glauconie) les apports
sédimentaires diminuent et la sédimentation
ralentit (bioturbation intense). Alors que le niveau marin est
à son maximum, le ravinement des calcaires du sommet de la Malière
modèle une surface d’érosion irrégulière,
la Surface de Sainte-Honorine 1 ; la Couche
verte, constituée par les produits du remaniement de la
Malière enrobés de sédiments carbonatés,
remplit les anfractuosités et recouvre cette surface. Elle est
ravinée à son tour et tronquée par la Surface
de Sainte-Honorine 2.
Le ralentissement de la sédimentation observé pendant
la fin du dépôt de la Malière s’accentue au
cours de la période de sédimentation
très condensée de la Formation
de l’Oolithe ferrugineuse de Bayeux, caractérisée
par sa grande richesse en fer. Le taux de sédimentation est très
faible : après compaction et diagenèse, 0,50 m (ou moins)
de dépôts ferrugineux et de calcaire pour 13 sous-zones
d’ammonites du Bajocien inférieur et supérieur.
Le milieu de dépôt, dépourvu d’apports détritiques
et peuplé de céphalopodes, est éloigné du
rivage, en domaine marin distal.
A la base de la formation (Conglomérat
de Bayeux – Bajocien inférieur),
des oncolithes ferrugineux, formés par précipitation du
fer autour d’éléments remaniés des couches
sous-jacentes, ont été roulés sur le fond dans
un milieu de forte énergie. C’est
dans un milieu plus calme que se sont développés
les stromatolithes ; ces derniers ont été construits grâce
à l’activité de cyanobactéries, microorganismes
réalisant la photosynthèse, dans la zone photique, donc
dans des conditions proches de l’émersion.
De telles conditions pouvaient être réalisées dans
une zone de haut-fond éloignée
des côtes armoricaines.
Au début du Bajocien supérieur, pendant
le dépôt de l’Oolithe ferrugineuse
de Bayeux proprement dite, la tranche d’eau augmente (le
milieu s’approfondit) ; la sédimentation biochimique est
prédominante avec la formation d’oolithes par précipitation
de carbonate de calcium et de fer autour de nucleus de petite taille
; l’abondance des oolithes indique que l’énergie
du milieu est importante.
Vers la fin du dépôt de l’Oolithe ferrugineuse, l’énergie
du milieu diminue, les oolithes sont moins abondantes et le sédiment
carbonaté est envahi par des animaux fouisseurs.
A la fin du Bajocien supérieur, après
un arrêt de sédimentation matérialisé par
la Surface de Sainte-Honorine 4, il y a reprise et accélération de
la sédimentation avec le dépôt du Calcaire
à spongiaires qui s’étend du Cotentin
à la Baie de Seine en passant par la Campagne de Caen. Le taux
de sédimentation est élevé : après
compaction et diagenèse, une dizaine de mètres de calcaires
pour une seule sous-zone d’ammonites, (sous-zone à Bomfordi,
dernière sous-zone du Bajocien). Les carbonates se déposent
en milieu peu profond sur un fond soumis
à l’action des vagues de tempêtes, peuplé
par une abondante faune benthique (brachiopodes, oursins, serpules,
bryozoaires) dominée par les éponges. Ainsi se construit
une première ébauche de plate-forme
carbonatée à prairies d’éponges analogues
à celles du plateau actuel des Bahamas.
Au Bathonien inférieur, après une lacune
sédimentaire située au sommet du Bajocien matérialisée
par la Surface de Port 1, se met en place
une sédimentation plus lente, avec le dépôt des
calcaires argileux bioturbés des Couches
de passage, dans une mer plus profonde, à Céphalopodes,
hors d’atteinte de l’action des houles de tempêtes.
Après cet épisode de sédimentation condensée
terminé par la Surface de Port 2,
la sédimentation change brutalement avec le dépôt
des Marnes de Port-en-Bessin ; le taux de sédimentation augmente rapidement dès la base, avec un apport important de terrigènes en relation avec le Sillon marneux. Cette sédimentation abondante
aboutira au développement d’une formation marno-calcaire
de 35 à 45 m d’épaisseur. Le milieu de dépôt
reste assez profond ; d’une part,
il est situé sous la limite d’action des houles permanentes,
ce qui permet la décantation des fines particules argileuses
(futures couches de marnes grises); d’autre part il subit épisodiquement
l’action des houles de tempêtes, responsables des épandages
épisodiques de sables fins et de débris de coquilles fournis
par une faune benthique peuplant les secteurs plus proches du rivage
(futures couches calcaires).